Un sentiment partagé par un très grand nombre de producteurs est une méfiance quasi atavique de la concurrence, et cela vaut pour tous les métiers, et donc aussi pour les éleveurs de chiens et de chats.
Le monopole, voilà le rêve secret de beaucoup !
Or, pour un éleveur, la concurrence peut naître… de sa propre production ! Les chiots, les chatons qu’il a vendus, devenus adultes, sont susceptibles de se reproduire à leur tour…
Beaucoup d’éleveurs américains règlent de façon définitive, si j’ose dire, cette question : les animaux qu’ils cèdent sont tous stérilisés ou castrés.
C’est cependant une sorte de monstruosité : la stérilisation ou la castration ayant eu lieu avant même toute maturité des organes génitaux, ces derniers ne se développent jamais complètement, et les sujets sont au sens propre du terme asexués.
À chaque pays, sa petite spécialité. En France, en tout cas jusqu’à maintenant, on ne choisit pas la voie de la mutilation, on préfère celle, finalement tout aussi efficace, de la réglementation : faire de la vie d’un éventuel « éleveur amateur » par le biais de toutes sortes d’obligations réglementaires une sorte d’enfer a pour but d’être suffisamment dissuasif…
Mais là comme ailleurs, on découvre les effets pervers de tous les monopoles. En réalité, le candidat acheteur d’un chat ou d’un chien ne rêve pas d’un animal mutilé par la science vétérinaire ou par une réglementation, mais d’un sujet « complet » sans limite aucune de ses potentialités, la capacité de se reproduire y comprise.
Dans l’immense majorité des cas, cette capacité restera potentielle, et les soucis de la reproduction suffiront à dissuader le plus grand nombre. Il n’empêche : ils ne feront pas reproduire leur animal, mais ils ne veulent pas non plus d’un animal qui serait privé de cette capacité.
Et c’est donc une erreur de la part d’un éleveur de ne pas le comprendre. Partager sa passion, c’est partager son enthousiasme pour les produits de son élevage, et cela peut aller à l’occasion jusqu’à partager sa passion… d’élever !
D’ailleurs, l’expérience le montre, les meilleurs éleveurs, ceux qui produisent les plus beaux sujets ne dissuadent pas la concurrence, qu’en réalité ils ne craignent pas, ils vont au contraire souvent l’encourager… Un sujet à méditer !