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Exceptions culturelles : le point de vue esthétique

Du point de vue physiologique, la cause est entendue. Le point de vue esthétique est un peu plus compliqué.

Dans tous les cas, la coupe dénature la structure du poil, mais cette « dénaturation » ne produit pas toujours les mêmes effets esthétiques, ce qui vient singulièrement compliquer notre observation ! On peut cependant retenir quelques règles simples :

  • la laideur est garantie pour tous les poils droits, et tous les poils longs tombants,
  • il en est de même pour les poils durs, à quelques exceptions près, dont nous allons nous entretenir,
  • on obtient un aspect esthétique acceptable, voire même brillant pour certains poils longs « gonflants ».

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Entrons dans les détails.

Cas des poils longs tombants

Peut-on trouver quelque chose de plus laid qu’un poil long tombant que l’on a sectionné (par tonte ou par coupe, ou par une combinaison de ces deux procédés) ? Qu’il s’agisse de celui d’un Yorkshire terrier, d’un Lhassa Apso, d’un Shi Tsu, ou de ce que voudrez, quoi de plus vilain que ces pelages désormais sans couleur, sans vivacité, filasseux, aussi désagréables à regarder qu’à toucher ?

Voilà ce que peut voir n’importe quel observateur objectif, un peu averti. Ce qui est moins évident, c’est de deviner le résultat à long terme de ce type de traitement : un entretien toujours plus difficile, des démêlages toujours plus délicats, les glandes sébacées cessant de jouer correctement leur rôle. Il est possible aussi que cela ne provienne pas réellement des glandes sébacées, mais du fait que la modification physiologique des poils rend les écailles de surface de ces derniers incapables de retenir un film cutané protecteur ; en effet, même nos crèmes les plus actives semblent ici à peu près sans effet.

Cas des poils durs

La première conséquence de la coupe d’un poil dur est précisément la perte définitive de cette caractéristique, avec pour corollaire celle de sa couleur, qui subit alors une nette transformation.

Transformation malheureuse sur le plan esthétique dans la plupart des cas. Mais que les usages, les habitudes nous ont appris à apprécier pour au moins trois races.

Le cas le plus emblématique est celui du Kerry Blue Terrier ; le poids naturel de ce chien, un authentique terrier, se présente raide, épais, et tirant vers le noir, poil qui se laisse très facilement travailler par trimming ; mais le piquant est ici qu’un sujet qui serait présenté de la sorte n’aurait tout simplement aucune chance dans un concours ! En effet, la dégénérescence par la coupe de cet excellent poil naturel le transforme en une sorte de duvet soyeux, le noir originel se dégradant en une couleur bleutée… qui donne précisément son nom à la race, texture et couleur exigées par le standard !

Situation tout à fait comparable à celle du Soft Coated Wheaten Terrier : la seule manière d’obtenir chez ce chien le poil soyeux et mou recommandé par le standard est de pratiquer des coupes aussi régulières et aussi tôt que possible, ces coupes dégradant un poil naturel d’une grande qualité, épais, et plutôt foncé.

Enfin, dernier mousquetaire de la famille des poils durs dont l’usage a consacré l’habitude de la coupe : le Bedlington Terrier. Le résultat obtenu (et recherché) est alors un poil bouclé et souple, avec une teinte tirant vers le gris.

Les poils longs « gonflants »

Il s’agit du caniche, pour l’essentiel, du Barbet, du Caniche, du Chien d’eau portugais, et du Bichon frisé.

Une caractéristique de ces poils quand ils sont dégradés est que, s’ils perdent leur rigidité, comme tous les autres poils, en revanche, ils conservent, en principe, leurs couleurs : ici, le travail aux ciseaux permet des résultats esthétiques acceptables, en particulier pour les sujets de couleur blanche, avec une mention particulière pour les bichons frisés.

Pour les autres couleurs, on regrettera cependant une perte assez rapide de leur intensité : en particulier, les teintes marron, noir, abricot… s’éclaircissent très rapidement, dès que le sujet atteint trois ou quatre ans. Le plus souvent, cet éclaircissement est attribué à l’âge. Mais c’est bien à tort : le même pelage traité par trimming aurait gardé l’intensité de sa couleur jusqu’à un âge avancé de l’animal.

Couper sans blesser ?

Faut-il le rappeler : le fait que la coupe blesse la cuticule du poil ou du cheveu est un phénomène en réalité bien connu ; pour le cheveu, certains fabricants proposent par exemple l’utilisation de ciseaux chauffants, permettant de cautériser l’extrémité sectionnée et donc de limiter les effets dévastateurs de la coupe.

Cette solution ne semble guère applicable dans le cas des animaux, les risques d’incident ou d’accident paraissant trop élevés.

Le bilan

Vous l’aurez noté, le bilan est sans appel : dans tous les cas, la coupe dénature le poil, lui portant un préjudice grave et définitif ; le résultat est toujours une perte quasi totale des capacités protectrices de la fourrure et s’accompagne en outre d’une difficulté toujours plus grande à l’entretenir.

Un effet secondaire de cette dégradation est dans l’immense majorité des cas un résultat esthétique déplorable avec dégradation des couleurs naturelles.

Pour un peu moins d’une demi-douzaine de races, cependant, la dégradation aboutit à un aspect esthétique acceptable ou recherché, sans que pour autant les inconvénients cités dans les deux paragraphes ci-dessus soient en rien diminués.

Pour un toilettage intelligent, par Michel Georgel

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