Il n’est pas évident que tous les « candidats éleveurs » en soient conscients, mais un éleveur est toujours et avant tout un sélectionneur.

Cela est si vrai qu’un éleveur qui ne sélectionnerait pas pratiquerait en fait une forme de sélection. Le fait de regrouper et de déterminer une population de reproducteurs est en fait une forme de sélection.

Avec un corollaire : pas de sélection sans une pratique raisonnée d’un certain degré de consanguinité !

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Voilà qui peut paraître paradoxal ! Comme nous l’expliquons dans notre cours sur ce sujet, la consanguinité a toujours plus ou moins mauvaise presse, et en fait, à juste raison.

Mais paradoxalement, on ne peut écarter cette vérité incontournable, les animaux dits de « race » sont par définition des sujets « homozygotes » par rapport à une panoplie plus ou moins significative de « caractères ». Ce qui est exactement la définition de la consanguinité !

Pas de race sans consanguinité !

Mais, comme nous l’expliquons dans notre cours, la consanguinité si elle permet l’expression de certains « caractères » considérés comme des caractères types de la race, correspond aussi à une réduction de la richesse du génome, ce qui ne peut aller sans inconvénients plus ou moins graves.

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À partir de là, deux politiques peuvent guider le sélectionneur. La première consiste en l’élimination du processus de reproduction des sujets présentant certains défauts. C’est, de fait, la politique suggérée par la Fédération Cynophile Internationale (F.C.I.). L’absence d’une ou plusieurs dents, un défaut de l’articulé, ou encore une monorchidie interdisent de manière définitive la capacité d’un individu à se faire sélectionner en championnat. Cela ne signifie certes pas que le sujet considéré soit interdit à la reproduction, mais cela limite considérablement cependant l’éventualité de sa sélection à cette fin.

Dans le cas de la France, avec la particularité spécifique à ce pays de la confirmation (les reproducteurs doivent obligatoirement avoir été préalablement « confirmés », la confirmation étant refusée aux individus avec défauts), le « défaut » est définitivement rédhibitoire.

Une autre politique est celle de la sélection par les qualités. Un défaut peut être accepté, en particulier dans le cas où l’on souhaite sélectionner certaines autres qualités que l’on juge exceptionnelles. C’est cette politique qui est notamment encouragée par les fédérations des pays anglo-saxons.

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Bien entendu, aucune de ces deux politiques n’est exclusive de l’autre : on sélectionnera par exemple, parmi les sujets sans défauts, ceux porteurs des qualités les plus intéressantes.

Il n’empêche : à l’évidence, la sélection par le critère de l’absence de défauts conduit à un appauvrissement plus rapide des génomes.

Les éleveurs expérimentés sont parfaitement conscients de ces problèmes, qui introduisent à l’occasion dans leurs lignées des sujets de provenance étrangère, qui auraient pourtant été interdits de reproduction s’ils étaient nés dans notre pays. Une contradiction qui mérite réflexion !

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