Un article paru dans le Figaro mérite… une sérieuse correction !

Si l’on voulait une preuve de la superficialité de certains journalistes, et de leurs articles, celui paru dans le Figaro du 14 octobre, sous le titre : « Petits commerçants, qui gagne le plus ? » en serait une illustration presque caricaturale !

Passons sur le côté racoleur du titre : les petits commerçants, ces horribles personnages, gagnent de toute façon trop, mais certains plus encore que d’autres !

Que d’informations inattendues dans l’article : on y découvre par exemple, mais quelle surprise, que le chiffre d’affaires des pharmaciens est supérieur… à celui des salons de toilettage ! Mais prétendre comparer un chiffre d’affaires généré par la revente d’articles (ici des médicaments) dont les marges sont encadrées de façon draconienne avec celui d’une activité de service, quelle preuve d’incompétence, ou de mauvaise foi ! C’est ignorer ou ne pas comprendre qu’il faut à une pharmacie au moins six fois le chiffre d’affaires d’une entreprise de service pour dégager la même marge brute !

L’incompétence ou la mauvaise foi éclatent plus encore quand on prétend aborder les rémunérations, qui sont à l’évidence confondues avec les résultats d’exploitation, ce qui n’a pourtant rien à voir, mais n’interdit pas pour autant au plumitif tout imbu de ces chiffres de prétendre en tirer les conclusions les plus définitives : les pharmaciens dégageraient (tous) des salaires de ministre, quand d’autres professions auraient de la peine à dépasser un SMIC amélioré…

Mais on se fourvoierait grandement à vouloir tirer quelque enseignement que ce soit de ce genre d’élucubrations. La première erreur est de prétendre à des généralités à partir d’échantillons non représentatifs : de quelles entreprises nous parle-t-on ici ? De celles qui confient leur gestion à des centres agréés. À quel pourcentage d’entreprises cela correspond-il ? Et ce pourcentage est il le même pour tous les secteurs professionnels ? Si ce n’est pas le cas, on comprend que les résultats extrapolés n’ont tout simplement aucune signification.

Un autre élément qui n’est pas pris en compte, c’est la réalité professionnelle des secteurs d’entreprise considérés. L’analyse prétend tirer des conclusions, par exemple, de la coiffure à domicile. Mais chacun sait que la coiffure à domicile est majoritairement exercée comme une activité complémentaire, et donc à temps très partiel. Une extrapolation qui ne prend pas en compte ce temps partiel est donc dépourvue d’intérêt. Vous en connaissez beaucoup, vous, des pharmacies à temps partiel ?

Remarque valable au moins en partie pour le secteur du toilettage, où là aussi, les intervenants à temps partiel ne constituent pas une minorité négligeable.

Qu’un support de la qualité et de la notoriété du Figaro succombe ainsi à la tentation d’articles facilement racoleurs est profondément décevant : une presse qui ne tient aucun compte des conséquences d’informations parcellaires et tronquées qu’elle diffuse ne mérite que notre mépris !

Indignation et mépris partagés par les lecteurs « informés », comme le laissent deviner les commentaires de cet article, extrêmement sévères et désapprobateurs, je cite : « Apprenez d’abord à lire un bilan comptable et un compte de résultat et revenez dans quelque temps nous abreuver de vos « savoirs » en matière de gestion analytique. » ; un autre : « Je suis fatigué de voir ces enquêtes sans aucun intérêt. » et plus sévère encore : « De grâce, Messieurs les journalistes, arrêtez d’écrire ou répéter autant d’inepties aussi grossières, il y a des millions de gens crédules et moins informés qui vous croient. »

Bon, je ne cite pas plus, et je n’ajoute rien : est-ce encore nécessaire ?

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