< Ce billet constitue une suite de : Tarif de toilettage : ne pas en devenir l’otage!
Ce n’est pas la concurrence qui conduit certains toiletteurs à une politique de suppléments trop frileuse, c’est la méconnaissance des conséquences inévitables qu’une telle politique entraînera.
Nous sommes d’accord : un tarif s’entend pour une prestation « normale » ; dès que l’on sort de cette « normalité », le choix devient simple : ou le client paye un supplément, ou le toiletteur travaille en dessous de son tarif.
On quitte alors le domaine de l’artisan payé pour une prestation, pour entrer peu ou prou dans celui de l’esclave qui n’a d’autre choix que de se soumettre aux caprices de ses clients devenus ses maîtres.
Vous avez parfaitement le droit de faire le choix de l’esclavage : par lâcheté, parce que vous n’aimez pas négocier, ou pour toute raison que vous voudrez.
Mais vous devez avoir pleinement conscience des conséquences de vos choix.
La plupart du temps, les professionnels pensent que la concurrence leur interdit d’appliquer une politique tarifaire équitable : leur crainte est que s’ils demandent des suppléments par rapport au tarif de base pour des prestations qui exigeraient en effet des suppléments par rapport à ce tarif de base, la clientèle s’adressera à la concurrence.
Dans un certain nombre de cas, c’est en effet ce qui va se produire. Mais l’erreur des professionnels est de ne pas comprendre que contrairement aux apparences, c’est pour eux la meilleure des hypothèses !
Bien sûr, dans un premier temps au moins, le salon qui a perdu le client connaît une perte de chiffre d’affaires, au profit de celui qui a gagné ce même client. Mais celui qui a gagné le client a… perdu de l’argent ! Il eût donc été préférable pour ce dernier que ce client ne lui fût pas gagné.
En effet pendant ce temps, le premier salon n’a certes pas gagné d’argent, mais son temps est resté disponible… pour un autre client ouvrant la possibilité d’un travail réellement rémunérateur.
Bien entendu, tant qu’il s’agit d’un seul client, l’effet ne se fait pas ressentir. Mais il y aura évidemment d’autres clients. Et finalement, et plus rapidement qu’on ne pense, s’organise entre les deux salons en apparence concurrents, mais en réalité complémentaires, une véritable répartition de clientèle. Au premier, uniquement une clientèle permettant un travail rémunérateur ; au second, sans doute quelques clients permettant également un travail rémunérateur, mais de plus en plus de clients non rémunérateurs ; peu à peu le second salon ne se contente pas de s’épuiser, il finit par se ruiner.
J’ai dit que les deux salons étaient complémentaires ; mais ce n’est pas rigoureusement exact ; ils ne sont en réalité complémentaires que pendant une certaine période, sans doute assez courte. Ensuite le second salon est contraint de cesser son activité, et la complémentarité disparaît.
Pour être complet, il faut signaler une autre hypothèse : celle où aucun des deux salons ne veut pratiquer la politique des suppléments. Dans ce cas, ils se trouvent en concurrence frontale, et n’ont d’autre solution pour se démarquer l’un de l’autre que la pratique de prix toujours plus bas. Ils travaillent donc l’un et l’autre à perte, ce qui est une situation qui n’offre pas d’issue.
Certains toiletteurs font preuve d’une confiance admirable en la nature humaine : ils s’imaginent que l’effort qu’ils consentent en procédant sans supplément de prix au toilettage d’un animal qui le justifierait pourtant, conduira ses propriétaires à repentance, et que le toilettage suivant redeviendra « normal ». Un tel optimisme se révèle toujours illusoire et démenti par les faits : c’est même le contraire que l’on observe ! Non seulement, lors du toilettage suivant, l’animal sera présenté dans un état pire, mais en outre ses propriétaires envisageront encore plus défavorablement que la fois précédente l’idée même de quelque supplément que ce soit. La raison en est simple : les propriétaires qui ne se rendent pas compte de l’éventuelle nécessité d’un supplément méprisent en réalité ce qui est le fondement même de notre métier : le travail humain. Et le mépris pour le travail humain est un vice qui ne peut pas se guérir.
La sagesse est de renoncer à quelque commerce que ce soit avec de telles personnes, et de réserver notre savoir-faire à d’autres, capables d’apprécier et de respecter, à sa juste valeur, notre travail.
Ce n’est pas la concurrence qui conduit certains toiletteurs à une politique de suppléments trop frileuse, c’est la méconnaissance des conséquences inévitables qu’une telle politique entraînera.
> Lire aussi : Pouvez-vous vous passer de communiquer (dit autrement, de faire de la publicité)
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Je suis d’accord sur la plupart des sujets, bon article