Si vous envisagez de devenir éleveur, et si vous avez un peu le sens de la prospective, et celui du respect dû aux animaux, il y a nécessairement une question que vous vous êtes déjà posée : qu’adviendra-t-il des chiots que pour une raison ou pour une autre, je ne parviendrai pas à vendre ?
Dans l’absolu, c’est une préoccupation tout à fait raisonnable. Si les chiennes des petites races sont généralement peu prolifiques, dès les races moyennes, les portées peuvent atteindre un nombre relativement considérable, la douzaine n’étend pas si exceptionnelle que cela.
Et le problème, c’est que 12 individus d’une même race proposés au même moment peuvent parfaitement ne pas rencontrer 12 candidats propriétaires !
Pourtant, il s’agit en réalité d’un faux problème.
Tout d’abord, retenons que c’est la mode en France de vendre les chiots à partir de six semaines, et que c’est pourtant une mode qu’il faudrait combattre : pour toutes sortes de raisons, mais notamment des raisons médicales, les chiots ne devraient pas quitter leur élevage avant 12 semaines.
Par ailleurs, le discours en général convenu en France est que les chiots doivent rejoindre leurs futures familles d’accueil le plus tôt possible. Mais c’est complètement faux, et ce n’est pas ce qui est pratiqué dans les pays anglo-saxons par exemple. Ou en tout cas, cela ne serait vrai que si les chiots étaient issus de mauvais élevages, où ils se trouveraient mal socialisés. Mais l’expérience le démontre (expérience que pour notre part nous avons répétée, volontairement ou involontairement, de très nombreuses fois), un chiot bien socialisé s’adaptera parfaitement à une famille nouvelle, même s’il se trouve plus avancé en âge.
La vérité est qu’il ne s’adaptera pas aussi bien qu’un chiot plus jeune, mais beaucoup mieux, et beaucoup plus vite.
S’il est bien socialisé, le risque qu’il manifeste une anxiété de séparation a disparu. L’animal sait attendre calmement le retour de son maître absent.
L’erreur est alors de croire qu’il faudrait en quelque sorte « brader » les chiots qui ont pris de l’âge, par exemple à partir de quatre mois.
Personnellement, nous n’avons jamais accepté cette politique. Un chiot qui est resté plus longtemps à la maison a vécu en famille, et souvent, son niveau d’éducation est très avancé : il est propre, cela va de soi, il connaît la laisse, la suite sans laisse, le rappel, il connaît sa place, il sait la garder quand on le lui demande… Et bien, un très grand nombre de candidats propriétaires se trouvent ravis de s’épargner les difficultés d’une primo éducation !
Tôt ou tard, le chiot même un peu âgé, mais parfaitement socialisé et éduqué, finit par trouver son propriétaire !