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Le vrai marché du toilettage

D’autres, peut-être, m’objecteront ceci :

— Mais moi, je ne travaille pas pour me faire plaisir, mais pour gagner de l’argent !

Voilà au moins un point sur lequel nous pourrions nous rejoindre ! C’est que quelque plaisir que je puisse prendre à notre métier, je ne l’envisage pas, en effet, autrement que comme un métier, c’est à dire une activité rémunératrice, et à tout prendre, aussi rémunératrice que possible.

— Mais quel argent y a-t-il à gagner à démêler, baigner, ou épiler ?

— Eh bien, figurez-vous, nous en sommes précisément où je voulais en venir !

C’est que paradoxalement, le marché de la coupe, et plus encore celui de la tonte, voilà bien des marchés assez souvent encombrés ! Le marketing le plus habile ne changera pas le fait que vos prix seront limités peu ou prou par une concurrence souvent bien réelle et de nature à réduire sérieusement votre marge de manœuvre !

À l’opposé, le terrain de la zoocosmétologie est beaucoup plus dégagé ! Superbement ignoré par le plus grand nombre ! Pourquoi ? Pour moi, c’est un mystère ! Un mystère sans doute, mais un fait bien certain.

Or, c’est une situation très paradoxale ! Songez-y ! Quel est le pourcentage des chiens nécessitant un travail de raccourcissement de la fourrure (sous quelque forme que ce soit) ? 10 %, 15 %, peut-être 20 % ? Cette dernière estimation étant certainement la plus exagérée. Et c’est bien là le paradoxe : une majorité de professionnels s’affronte sur le plus petit segment de la clientèle, tandis que le segment principal, au minimum 80 % du marché, est pratiquement négligé par tous !

Saviez-vous qu’il y a à peu près autant de salons de toilettage à Bruxelles qu’à… Paris ? Comment comprendre ? C’est pourtant très simple : c’est qu’à Bruxelles, « l’offre bains » y est moins négligée qu’à Paris, c’est aussi simple que cela.

Pensez-y ! Sur le terrain de l’hygiène et des soins zoocosmétologiques, qui sont les concurrents des (rares) professionnels ? Les propriétaires, point à a ligne !

Mais ces propriétaires sont on ne peut plus mal armés pour cela ; prenons l’exemple le plus significatif, celui du propriétaire d’un poil ras ; en général, il a choisi un poil ras, croyant résoudre définitivement tout problème d’entretien ; et puis, très vite, il découvre qu’il s’est trompé : comme tous les autres chiens, son chien « perd des poils » ; mais à la différence de beaucoup d’autres, ces poils perdus ne sont pas retenus, au moins un certain temps, dans la fourrure, ils s’installent immédiatement partout : moquettes, tapis, coussins… la cohabitation tourne au cauchemar ! Si vous ne me croyez pas, parcourez certains forums abordant cette question, vous entendrez alors de véritables concerts d’aboiements, non, pardon, d’appels au secours !

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La solution, nous la connaissons tous, ce sont des peelings [1] réguliers ; bien sûr, n’importe qui peut apprendre assez vite la pratique du peeling ; la question n’est donc pas : comment faire, mais… où le faire ? Dans la cuisine, la salle de bains… le remède sera bientôt pire que le mal ! Dehors ? S’il ne pleut pas, s’il ne fait pas trop froid, et si l’on dispose d’un jardin et de la proximité d’un parc… Tout de même beaucoup de si

Et puis, nous le savons bien, nous praticiens, le peeling, c’est bien, mais à lui seul, il ne résout pas tout ; il doit être complété par un bain et surtout par un brushing énergique, pratiqué avec l’aide d’un air pulsé ; et tout cela ne sera réellement efficace qu’après un rinçage à l’eau pure, permettant d’éliminer l’électricité statique, une eau pure nécessitant une installation spécifique… disons-le, s’il veut bien faire les choses, le propriétaire n’a d’autre solution que de dédier à l’entretien de son chien un local spécifique, facile à nettoyer, avec un sol et des murs de préférence carrelés, une baignoire, un adoucisseur et un appareil pour produire de l’eau chimiquement pure, une bonne installation pour le séchage, comprenant un séchoir et un pulseur conséquents… autant dire qu’il lui faut s’installer… un salon de toilettage ! Qui sera à nettoyer de fond en comble après chaque usage, et où il sera préférable d’avoir prévu un bon système d’aération, si l’on veut éviter qu’une prégnante et tenace odeur de kératine ne devienne pour longtemps la signature olfactive du domicile… Et tout cela pour un seul chien ? L’investissement est-il amortissable ? Ne serait-ce pas plus facile de se rendre dans le salon de toilettage le plus proche ?

Ah oui, mais problème ! Le salon le plus proche ne donne pas de rendez-vous avant… un temps toujours trop long, ou il refuse les bains… Mais son voisin les accepte… précipitons-nous ! Mais là, déception, le chien nous est rendu, soi-disant baigné, mais sans que la différence ne soit d’une évidence réellement significative, et surtout, il continue de perdre du pelage… alors à quoi bon ?

Évidement, le toiletteur coupeur n’aime pas les peelings énergiques, il ne connaît pas réellement les effets des produits et de l’eau, et puis les bains, de toute façon, ce n’est pas son souci principal, ce jour-là, il a sur son tableau trois coupes aux ciseaux, deux cockers américains, et même un Bedlington terrier, ce qui est tout de même plus noble et plus à son niveau, le bain, il a été donné par un apprenti débutant, c’était d’ailleurs pour lui son premier bain, il n’en avait jamais donné auparavant, et quant au peeling, non vraiment, il ne voit pas de quoi il s’agit…

Un résultat médiocre, donc, pour un prix qui souvent l’est beaucoup moins… Étonnez-vous après tout cela que l’expérience ne soit pas renouvelée

Ma petite démonstration pour les « poils ras » vaudrait tout autant ou plus encore pour tous les autres types de pelage, vous en conviendrez sûrement ! Combien de propriétaires sont réellement capables de démêler un poil long ? Combien d’entre eux auront les installations nécessaires pour pratiquer un rinçage correct ? Un brushing efficace ? Comment pourraient-ils disposer à tout moment de la gamme de produits leur permettant d’effectuer le choix le plus judicieux pour chaque situation ?

Avec pour finir un diagnostic sans appel ! En l’absence de professionnels de la cosmétologie animale, une très large majorité de nos chiens est très mal entretenue ! Le besoin existe (même en l’absence d’une réelle conscience de ce besoin), mais l’offre fait défaut

Pour un toilettage intelligent, par Michel Georgel

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[1] Traitement spécifique, qui, dans le domaine de l’animal de compagnie, permet par un massage vigoureux à l’aide d’un outil approprié, l’élimination du poil mort.

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