« Vous prêchez en permanence en faveur de la conservation des poils longs, vous expliquez votre opposition aux coupes et aux tontes. Je suis d’accord avec vous, mais vos idées sont inapplicables en ce qui me concerne : ma clientèle ne veut rien entendre, j’ai une population de chiens mal entretenus, les fourrures longues, je ne peux faire autrement que les raccourcir ! »

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Cette rengaine, combien de fois ne l’ai-je pas entendue ?

Le hasard fait que je suis précisément en train de refaire une expérience pour la quatrième fois de ma vie : celle de reprendre l’encadrement d’un lieu de toilettage où l’on pratiquait majoritairement de tels raccourcissements intempestifs, avec une prédilection pour les poils longs tombants, ce qui est, tous les connaisseurs authentiques en conviendront, le comble de l’absurde.

Et cette fois, comme les autres fois, la responsable qui me précédait se justifiait : « vous allez le constater par vous-même, nous ne faisons que répondre aux attentes de la clientèle ! Si vous vous obstinez dans une politique de poils longs, vous allez perdre jusqu’à 80 % de celle-ci ! »

Ce n’est donc pas sans une certaine appréhension que j’ai repris les rênes : pas plus malin que les autres, en cette période difficile, perdre de la clientèle, n’est pas vraiment un objectif souhaitable…

C’est mon deuxième mois : où en sommes-nous ?

Soyons précis : pour le moment, j’ai mécontenté, sans doute de façon définitive, trois clients. Désagréable. Mais pour le premier mois, une augmentation de 15 % du chiffre d’affaires. Bien sûr, cela ne veut rien dire, il faut attendre pour conclure. Mais ce n’est tout de même pas un signal négatif.

Mais ce n’est pas exactement de cela dont je veux vous parler, mais d’une conversation qui se reproduit tous les jours, sinon plusieurs fois par jour :

– Je viens pour le toilettage de mon chien, voyez son poil long, je voudrais une petite coupe d’été.

– Une couple d’été, mais quel dommage !

– Quel dommage ? Mais vous me faites cela tous les ans !

– C’est alors une erreur que nous avons répétée tous les ans, ce pelage que nous allons couper va repousser toujours plus fin et toujours plus serré, et deviendra par conséquent encore plus difficile à entretenir !

– Je ne le savais pas ! Mais à la réflexion, c’est aussi ce que j’avais constaté. Bon, c’est vous le professionnel ! Je vous fais confiance ! Faites comme bon vous semble !

Et hop ! Encore une fourrure de sauvée !

Autre dialogue :

– Je veux faire raccourcir le pelage de mon terrier à poils durs.

– Pas de problème ! Nous allons pratiquer un léger trimming. De cette façon, le poil ne subira aucun dommage, tout en ayant la longueur que vous souhaitez.

– Oh ! Je vous fais confiance ! C’est vous le professionnel !

Voilà donc notre quotidien.

Au sens propre de l’expression, nous « cultivons » notre clientèle, rendez-vous après rendez-vous…

Pour l’instant, cela se passe bien. Et si vous le voulez, je me propose de continuer de vous tenir informé de l’évolution de la situation

Michel GEORGEL

Voir aussi : pour un toilettage intelligent >

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