Introduction : le choix du titre
Pourquoi cette série ? Parce qu’il me prend envie de résoudre une énigme : comment expliquer que les professionnels du toilettage vivent individuellement leur métier de manière si différente ? Par exemple, certains d’entre eux gagnent très bien leur vie, tandis que d’autres ont des résultats plus médiocres. On pourrait penser que ces différences seraient d’abord régionales ; logiquement, il serait plus difficile de réussir dans certaines provinces que dans les plus grandes villes. Il n’en est rien cependant : on trouvera de très belles entreprises en milieu rural, et d’autres qui végètent dans les capitales…
D’autres avanceront cette incantation qui n’est pour moi qu’un poncif : vous savez, le fameux triptyque « implantation, implantation, implantation ». Mais nous connaissons tous des affaires situées dans les rues les plus commerçantes, qui ne survivent pas où survivent mal. Et je pourrais vous citer pour ma part l’une des plus belles entreprises de notre métier, pourtant à peu près introuvable, située au fond d’une cour où l’on arrive que par un étroit passage quasiment invisible entre deux grandes boutiques !
La manière de travailler, me dira-t-on encore ? Même cette affirmation est à prendre avec la plus grande circonspection. C’est que « bien travailler », cela veut dire quoi ? Il suffit pour se rendre compte de la complexité de cette question d’observer qu’à travers le monde, les titres divers et variés de « champions de toilettage » ne coïncident qu’exceptionnellement avec de réelles réussites professionnelles. Et les réussites les plus significatives sont souvent le fait de personnes discrètes, qui ignorent tout autant médailles que médias, mais dont la préoccupation principale est la satisfaction d’une clientèle, bien avant celle de leur ego…
Une autre différence est encore plus flagrante : celle de la « durée de vie » professionnelle. Comment expliquer qu’un nombre significatif de professionnels se déclarent « usés » après 10 ans d’exercice, tandis que d’autres vont presque au demi-siècle, sans paraître en souffrir ? Ne serait-ce pas que les seconds aient su économiser des forces et des moyens dont les premiers se sont montrés trop dispendieux ?
Or, ce qui est intéressant, c’est que l’observation des succès (et des échecs) correspondent toujours à l’usage des mêmes « recettes » (ou des mêmes erreurs) et que ceci est vrai à peu près partout dans le monde : les mêmes causes produisent les mêmes effets.
Pourtant, et malgré ces informations, disponibles à peu près partout, à qui veut se donner la peine de les rechercher, on constate que celles-ci ne déterminent que très peu ou souvent pas du tout les choix et les orientations des entrepreneurs. Vous expliquez, exemples à l’appui : « si vous faites ceci, vous gagnerez de l’argent, et vous satisferez vos clients ; mais si vous choisissez cela, vous ne ferez plaisir à personne, et l’équilibre de votre compte d’exploitation en sera compromis. » Hé bien, rien n’y fait : ce n’est pas le bon sens qui déterminera les choix de l’entrepreneur, mais un ensemble d’intuitions subjectives, auxquelles il a en réalité décidé de succomber par avance. Évidemment, l’échec, plus ou moins avéré, ou un moindre succès, seront patents, le moment venu ; et c’est là que survient le plus étonnant ! Vous n’entendrez jamais dire : « j’ai agi de telle manière, on m’avait annoncé que c’était une erreur, et c’était en effet une erreur. » Mais toujours on vous dira : « j’ai agi comme de telle manière, et, malgré cela et tous mes efforts, cela n’a pas réussi, c’est injuste et incompréhensible ! » Comment comprendre ? Pour ma part, j’y ai renoncé.
Le plus étonnant, notamment dans le domaine du toilettage, est que cette activité, bien comprise, peut être dictée par une très grande cohérence intellectuelle, tant dans ses principes que dans ses modalités d’application, qui ne devraient être que le prolongement raisonné desdits principes. Et c’est exactement cela que je vais essayer d’éclairer maintenant : une véritable compréhension de « l’intelligence du toilettage » devrait conduire, presque inexorablement, à un « toilettage intelligent », qui de par sa genèse même, aura trois conséquences, qui loin de s’opposer, se soutiendront entre elles :
- le meilleur confort physiologique des animaux,
- la plus grande satisfaction de leurs propriétaires,
- le plus fort niveau d’épanouissement professionnel, assis, disons-le clairement, sur ses deux assises : la satisfaction du travail accompli, et la qualité de sa rémunération.
Oui, et c’est ce que je vous propose de découvrir, comprendre et respecter l’intelligence des pelages, c’est-à-dire pratiquer un « toilettage intelligent » conduit aussi à gagner mieux, et plus agréablement, « son pain quotidien » !
Pas de contresens cependant : la référence à l’intelligence ne doit faire peur à personne ! En effet, j’espère le faire comprendre, une pratique intelligente du toilettage relève surtout du plus simple bon sens, et donc à la portée de qui veut s’en donner la peine, ce qui n’est pas le cas, et là n’est pas le moindre des paradoxes, de nombre de personnes précisément… intelligentes, ou réputées telles ! J’y insiste : il n’est pas nécessaire d’être (particulièrement) intelligent pour pratiquer un toilettage intelligent, et en revanche, vous découvrirez, si vous suivez mon raisonnement jusqu’au bout, que nombre de personnes à coup sûr intelligentes s’obstinent à pratiquer un toilettage qui ne l’est pas.
Intelligence du toilettage : voilà qui m’oblige, et je m’en excuse auprès de mon lecteur, à un préalable pour rappeler les notions de base, concernant la physiologie des pelages ; et ceci est d’autant plus nécessaire, ou inévitable, comme on voudra, que les idées dans ce domaine, et cela malgré quelques récents progrès, restent très confuses et encore polluées de « croyances » aussi fausses qu’irrationnelles.
Intelligence du toilettage : nous découvrirons ensemble que la mise en pratique de cette compréhension ne va pas à l’encontre, mais au contraire dans le sens de l’intérêt professionnel, et cela tout autant au plan intellectuel que du point de vue économique.
Intelligence du toilettage : je vous démontrerai pour finir que dans de nombreux pays (mais pas dans tous), les professionnels s’épuisent en une concurrence impitoyable sur la frange la plus étroite du marché, celle qui précisément fait la part la plus maigre à « l’intelligence », en ignorant superbement l’essentiel, qui vierge encore, comme c’est le cas, par exemple en France, n’attend que ses pionniers pour s’abandonner à leur conquête…
Pour un toilettage intelligent, par Michel Georgel
Suite :
Pour un toilettage intelligent (page 2) : les fondamentaux du toilettage >
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