Dans un billet précédent, je notais une densité de toiletteurs nettement inférieure en France à celle que l’on rencontre dans les pays comparables aux nôtres. Et j’y notais que notre environnement si peu favorable aux petites entreprises n’était pas seul en cause : et à prendre en compte, plus encore peut-être, le niveau d’hygiène de nos animaux de compagnie, et je vous annonçais que j’allais le démontrer par les chiffres…

D’abord, ce petit tableau :

tableauNombreSalons

Un peu hermétiques, ces chiffres, j’en conviens : expliquons-nous !

Je vous propose de lire avec moi, pour commencer, les deux premières colonnes du tableau. Elles  prétendent décrire la situation (somme toute déplorable) qui était la nôtre il y a 10 ou 20 ans : quant à peine 22% de nos 8 millions de chiens franchissaient au plus quatre fois par an la porte de l’un de nos salons, une situation encore plus défavorable du côté des 12,5 % de nos 9 millions et demi de chats : soit un total de 4 750 000 prestations de toilettage. Avec une moyenne, pour chaque toiletteur, de six chiens pendant 250 jours soit 1500 prestations par an, voilà de quoi occuper un maximum de 7860 toiletteurs, ou 5240 salons (en moyenne une personne et demie par salon).

Maintenant, je vous rappelle les recommandations des spécialistes en dermatologie canine : « On doit baigner régulièrement tous les chiens de toutes les races. La moyenne idéale des bains est d’une fois par semaine à une fois par mois, ce dernier délai ne devant être dépassé sous aucun prétexte ! »

Vous trouvez cela excessif ? C’est pourtant ce qui se pratique en effet dans de très nombreux pays « civilisés » !

Et pour avoir vécu en appartement de si nombreuses années en compagnie de chiens et de chats, hebdomadairement baignés, je continue de m’interroger : comment fait-on pour vivre agréablement… en baignant moins ! Il doit y falloir, outre des aspirateurs particulièrement performants, des narines ordinairement bien enrhumées…

Mais pour assurer un bain mensuel non pas à tous, mais a seulement 80 % de nos chiens (laissons bergers et policiers faire comme ils voudront) et 20 % de nos chats (pour ne nous soucier, au moins dans un premier temps, des seuls sujets à poil long), avez-vous calculé combien il faudrait de toiletteurs ?

Les plus perspicaces parmi vous auront remarqué qu’à partir de ma quatrième colonne, le nombre annuel de prestations de toilettage passe de 1500 à 2000 : non, ce n’est pas une erreur ! Mais la prise en compte d’une évidence : l’augmentation de l’activité entraîne par nature une augmentation de la productivité, et les six prestations quotidiennes d’hier deviennent très naturellement huit.

Combien de toiletteurs, donc, pour seulement assurer la recommandation des hommes de science : c’est le résultat de ma dernière colonne : 49 800 ! Pas un de moins ! Soit plus de 32 000 salons !

80 % de chiens toilettés, impossible, inatteignable, extravagant, dites-vous ? Pour ma part, je pense tout au contraire que cela devrait être notre objectif ! Et bien plus à notre portée que nous ne voulons le croire : en effet, 80 % des chiens, c’est peut-être beaucoup, mais ceux qui dépasseront la cadence mensuelle seront beaucoup plus nombreux qu’on ne le pense !

Maintenant, regardez notre tableau : où en sommes-nous aujourd’hui ? La réponse est sans appel, nous oscillons entre un niveau d’hygiène très bas et … bas !

Pour notre profession, le message est clair : « peut mieux faire ! » Si ma dernière colonne peut paraître en effet aujourd’hui hors d’atteinte, les trois colonnes du milieu (bas, moyen, correct), laissent encore de fameuses perspectives.

Oui, notre problème, et tant pis pour les grincheux, ce n’est pas d’être trop nombreux, c’est très précisément le contraire, si l’on veut bien tenir compte de ce premier principe de toute activité économique : c’est toujours l’offre qui crée la demande !

Et tant que chez nous, l’offre sera aussi faible, la demande restera ce qu’elle est : terriblement médiocre. Pour le bien de nos chiens et de nos chats, candidats à notre métier, foncez !

Foncez, mais pas sans réfléchir ! C’est qui il y a offre et offre ! Et à ce sujet, il conviendra de ne pas se tromper ! Et de prendre en compte certaines démonstrations que vous pouvez retrouver sur le présent blog, notamment dans nos rubriques « Pour un toilettage intelligent », et que je vous propose de résumer dans un prochain billet !

Michel GEORGEL

Suite : Pas assez de toiletteurs, mais quels toiletteurs ? >

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