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Quel toilettage ?

Résumons : il y a donc deux manières d’envisager notre métier.

La première n’est qu’une prolongation du travail des tondeurs d’autrefois : car vous l’avez compris, coupe ou tonte, et n’en déplaise à beaucoup, c’est du pareil au même.

C’est la pratique la plus répandue dans les pays où le toilettage est né de la croyance en une nécessité annuelle ou bi annuelle de raccourcir les pelages. Dans ces pays, les professionnels n’ont pas le sentiment du devoir accompli, si un chien quitte leur salon le poil aussi long qu’il y est entré.

Ajoutons à cela cette religion partagée par le plus grand nombre, dont le dieu porte un nom qui met en transe tous ses adeptes, toujours inconditionnels, ce dieu dont une seule vis centrale rassemble deux poignards fantasmatiques, vous l’avez deviné, le dieu « ciseaux » ! Mais un dieu, comme sans doute tous les autres, possessif, exigeant, intraitable, qui exige son sacrifice quotidien de poils innocents : le « fidèle » sait bien qu’il doit son tribut à son maître, et en l’absence de ce tribut, il se sent exclu, rejeté de la secte, et donc profondément frustré…

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La seconde manière, issue d’abord non d’un souci de raccourcir, mais d’un projet prioritaire d’hygiène, s’affiche comme une volonté de respecter la physiologie des pelages, ce qui implique les pratiques suivantes :

  • soigner particulièrement les bains (qualité de l’eau de rinçage, des produits), et plus encore les brushings, qui sont la condition même du confort animal,
  • s’interdire les tontes (à l’exception rarissime de nécessités médicales dûment démontrées, ou de situations pilaires réellement désespérées : pelage feutré par exemple),
  • ne s’autoriser le travail par coupe que dans les cas où le standard de la race le prévoit expressément,
  • n’accepter le raccourcissement éventuel des pelages que par trimming, à l’exclusion de tout autre procédé,
  • encourager les propriétaires à conserver le pelage « naturel » de leurs compagnons, et ce tout particulièrement pour les poils longs « tombants ».

À ce stade de la réflexion, me vient une question : ai-je raison de parler de deux manières d’envisager le même métier ? Ces deux approches sont-elles encore le même métier ?

Mais poser cette question, n’est-ce pas déjà y répondre ?

Je lisais tantôt le « programme » d’une formation actuellement dispensée en France : je me suis trouvé atterré ! Y est inclus l’apprentissage de « coupes » les plus diverses, y compris sur des races dont j’ai assez dit qu’elles ne devraient jamais être concernées par un tel travail, mais surtout, pas un mot, je dis bien, pas un mot, et cela paraît incroyable, sur les qualités de l’eau (dureté notamment), le processus du brushing, les airs, les modes d’action des produits… soudain, cela devint pour moi une évidence : ce programme ne décrivait en rien la réalité de mon métier ! Je veux bien croire qu’il existe encore des personnes capables de gagner réellement de l’argent après un tel apprentissage, mais franchement, je ne m’explique pas comment, et pour ma part, je l’avoue, j’en serais incapable.

Faudrait-il se résoudre à désigner par des noms différents deux « métiers » devenus aussi contradictoires ? Je crois que oui, et que c’est le moment de le faire !

C’est en tout cas le moment de le faire, à ce stade de mon exposé, ne serait-ce que pour aider mon lecteur. Oui, mais ! Quels noms retenir ? Pour le premier, l’envie me vient de retenir quelque chose comme « toiletteur tondeur-coupeur », mais il n’est pas sûr que cela convienne à tout le monde. (Mais pour l’anecdote, si vous recherchez sur un correcteur de type Andidote, le sens du mot toiletteur, sans surprise, vous lisez : personne qui s’occupe du toilettage des animaux. Maintenant, si vous allez à la rubrique « synonymes », j’espère que vous serez plus étonné de découvrir les propositions suivantes : « tondeur, raseur »… ce qui en dit long sur la manière dont ce métier est encore perçu par une partie du public, avec cette question : peut-on encore sauver un mot à ce point connoté ?)

Mais quoi pour les professionnels qui préfèrent les poils naturels aux poils coupés ? J’avais proposé, il y a de nombreuses années déjà : « zoocosmétologue« , ou « toiletteur zoocosmétologue » ; sans réellement de succès, je le reconnais. Mais quoi d’autre ?

Je pourrais tout aussi bien, au moins dans cet exposé, m’en sortir en proposant, pour ne contrarier personne, toiletteur de type A et toiletteur de type B ? Presque dans cet esprit, je vous propose donc, au moins pour l’exercice, de distinguer, désormais, pour la suite de mon propos, les « toiletteurs » (qui pratiquent de préférence coupes et tontes), les « zoocosmétologues »  (qui les évitent chaque fois que possible)

Pour un toilettage intelligent, par Michel Georgel

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2 Responses to Pour un toilettage intelligent (page 9)

  1. Géraldine George-Batier dit :

    Un très bel article qui résume bien ce que devrait être le métier de toiletteur!

  2. Géraldine George-Batier dit :

    Et je rajoute que il est effrayant de voir comment le toilettage est abordé dans les autres écoles:(

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