Avant-hier, la totalité des magasins d’animalerie ou d’aquariophilie était le fait de petites entreprises familiales, avec parfois, quelques employés. La croissance globale de ce secteur était alors constante, impressionnante, et se manifestait y compris pendant les périodes de crise d’autres secteurs.

La plupart (la totalité ?) de ces entreprises ont disparu en quelques années, remplacées (étouffées ?) par des « chaînes » de grands magasins, regroupées sous quelques enseignes, et par une complexification trop brutale de l’environnement réglementaire. Les résultats économiques de ces « chaînes » sont-ils à la hauteur des attentes de leurs investisseurs ? Ce qui est certain, en tout cas, c’est que désormais, la croissance ne semble plus au rendez-vous…

Comme les anciennes graineteries, les entreprises de service aux animaux de compagnie, par exemple les salons de toilettage, étaient hier le fait d’entrepreneurs indépendants. Mais, différence notable avec les graineteries, cette situation n’a pas changé, et au contraire, ce secteur n’a cessé de faire preuve d’un réel dynamisme de croissance, dans tous les domaines, une croissance jusqu’à ce jour jamais prise en défaut. Vous doutez ? Nous allons en reparler.

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Ce n’est pas que les chaînes se soient réellement désintéressées de ce créneau. Au contraire, de nombreuses expériences ont été tentées, inquiétant parfois les professionnels indépendants. Dans presque toutes ces « grandes surfaces » de l’animal de compagnie, on a vu fleurir des extensions de « salons de toilettage ». Souvent, d’autres services ont été proposés : l’éducation, par exemple.

Une inquiétude cependant que les faits ne sont jamais venus confirmer et ces tentatives n’ont jamais mis sérieusement en péril quelque entreprise individuelle que ce soit.

Les faits donc le démontrent au moins autant que l’intuition : les métiers de services dans le secteur de l’animal de compagnie sont par nature des métiers pour indépendants. Et l’on trouve à cela autant de raisons économiques que sociologiques. Expliquons-nous…

Raisons économiques

Je l’ai dit, j’y reviendrai le moment venu, avec quelques chiffres pour preuve à l’appui : la demande est certaine, et l’offre insuffisante.

Il n’empêche, cette demande ne devient solvable qu’aussi longtemps qu’elle reste proposée à prix raisonnables. Et force est de constater que dans le cadre de la structure des coûts de l’emploi salarié, en tout cas dans notre pays (trente-cinq heures, durée des vacances, contraintes de la convention collective et notamment au niveau des minima salariaux et des conditions de travail, risques sociaux), le prix de revient de l’emploi salarié se trouve souvent fort rapproché de celui que l’on peut espérer de la vente du service correspondant, quand il ne le dépasse pas… Les grandes entreprises ont quelquefois tourné la difficulté en considérant que l’argent perdu sur cette offre de service était une sorte d’investissement marketing ou communication, favorisant par exemple l’animation du point de vente, mais il y a (rapidement) des limites à un tel altruisme économique. Limites que jusqu’à ce jour personne ne semble avoir tenté de sérieusement dépasser…

Soyons précis : la vente d’un service produit par un travailleur salarié, ou par une équipe de travailleurs salariés, est difficilement « rentable » pour une grande entreprise.

Pour une grande entreprise seulement ? La réponse est oui ! Les choses sont en effet très différentes quand l’animateur de l’équipe n’est plus lui-même un salarié, mais un travailleur indépendant : pour toutes sortes de raisons que l’on devine, un tel travailleur, combinant charisme, exemplarité, obsession du résultat, et tout ce que vous voudrez encore, obtiendra de ses collaborateurs un niveau de productivité en réalité inaccessible aux plus grosses organisations.

Sans oublier ce fait fondamental que ce chef d’équipe, s’il est bien conseillé, coûtera beaucoup moins cher à son entreprise personnelle que son homologue salarié. Évitant un cours de comptabilité qui n’est pas mon objet, je rappelle cependant ces chiffres qui, me semble-t-il, ne seront contestés par personne : si pour créer 100 € de revenus à un travailleur salarié, il en coûte 190 € à l’entreprise, il n’en faut que 150 pour créer le même revenu à un entrepreneur indépendant. (Le rapport est encore meilleur dans le cas de l’auto entrepreneur : 126 € dans la situation la plus favorable.)

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On le comprend, ces 40 (54) euros font une fameuse différence…

Un « chef d’équipe » qui coûte beaucoup moins cher, sans aucun risque social (avez-vous déjà vu un chef d’entreprise se poursuivre lui-même devant le tribunal des prud’hommes ?), avec la capacité pratique d’obtenir une productivité accrue d’une équipe dont il ne perd jamais le contact, voilà des conditions économiques nettement plus favorables…

Motifs sociologiques

Mais, plus que l’économie, le facteur sociologique est à prendre en compte. On ne le voit pas toujours, parce que le contexte en général citadin dans lequel s’exerce nos métiers masque cette réalité : travailler avec les animaux, c’est travailler avec la nature ! Le toiletteur d’aujourd’hui, mais aussi l’éducateur, comme le spécialiste d’entretiens d’aquariums à domicile, ou n’importe lequel de nos autres professionnels des métiers de service aux animaux, est beaucoup plus proche dans son mode de comportement sociologique, de l’agriculteur d’hier, que de l’employé salarié la grande entreprise. Le contact avec l’animal est un contact avec le monde animal. C’est un contact nécessairement personnel, une démarche toujours individuelle et personnalisée.

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 Mais pas seulement ! C’est un contact au cours duquel, par définition, l’un des interlocuteurs doit avoir une capacité de persuasion supérieure à celle de son partenaire, sous peine qu’aucune action commune ne puisse s’envisager : disons-le autrement, le professionnel de ce monde animal doit savoir faire montre d’une personnalité affirmée, d’un caractère déterminé. Si ce n’est pas le cas, le travail avec l’animal, quel qu’il soit, est plus ou moins impossible, ou nécessite un effort excessif, rapidement ressenti comme insupportable.

Une telle personnalité est-elle compatible avec une situation de subordination, en tout cas sur le long terme ? L’expérience le démontre, c’est rarement le cas.

Adaptabilité

Il y a plus : l’entreprise de services dans le domaine de l’animal de compagnie n’est pas complètement comparable à d’autres entreprises de services. Ici, ne l’oublions pas, on évolue en univers « affectif » ! Le propriétaire qui engage de l’argent pour son animal ne le fait pas d’abord par nécessité, mais par affection, voire par amour pour cet animal, et il attend de la part du professionnel une sorte de reconnaissance implicite de ce sentiment.

Le propriétaire qui engage de l’argent pour son animal ne le fait pas d’abord par nécessité, mais par affection, voire par amour pour cet animal.

Le propriétaire qui engage de l’argent pour son animal ne le fait pas d’abord par nécessité,
mais par affection, voire par amour pour cet animal.

Cela signifie de la part de cette entreprise une réelle capacité à sentir les évolutions des besoins et des attentes de la zone de chalandise, et à pouvoir y répondre par des adaptations nécessaires.

Les modèles figés, conçus de « l’extérieur », auront rarement la réactivité nécessaire, celle dont sera capable, au contraire, l’entrepreneur individuel, profondément enraciné dans sa zone de chalandise.

C’est que, candidats à nos activités, ne l’oubliez jamais : j’y reviendrai, mais je le précise d’ores et déjà, nos métiers sont non figés, mais au contraire en permanente évolution, et nécessitent de notre part une forte capacité d’adaptation.

Par exemple, selon les régions ou les endroits, l’activité sera plus ou moins diversifiée ; ici, elle pourra être très spécialisée ; uniquement le toilettage, par exemple ; voire, dans certains cas, uniquement un certain type de toilettage ; de manière exclusive, l’épilation dans certains cas ; ou encore le toilettage d’une seule race ; mais ailleurs, la diversification sera la règle (imposée par les nécessités de l’équilibre économique), et le même acteur se révélera tour à tour toiletteur, éducateur, pensionneur, et que sais-je encore ? C’est son imagination, et non la mienne, qui fixera les limites de ses interventions. Quant aux compétences…, elles ne seront jamais le problème, car ce qui compte, ce n’est pas la spécialisation, mais la facilité du contact avec l’animal, qui permet l’accès à toutes les spécialisations imaginables : si j’ai un contact aisé avec les chiens, par exemple, je serai facilement capable de les éduquer, mais aussi de les toiletter, ou encore d’en assurer la garde dans les meilleures conditions.

Or de telles adaptations, presque naturelles pour le travailleur indépendant, deviennent beaucoup plus délicates à mettre en œuvre au sein d’une grande entreprise, moins facilement réactive, et plus vite limitée par les contraintes réglementaires et les obligations conventionnelles de l’emploi salarié.

D’après l’eBook « Métiers de Services aux Animaux de Compagnie« 

Métiers de services auprès des animaux de compagnie

 

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